Place de Cherbourg, Saint-Vaast-la-Hougue. Nous n'avons connaissance de ce projet que par un croquis annexé à un procès-verbal de conférence entre les chefs du Génie et de l'Artillerie de la place de Cherbourg et daté du 30 avril 1889. 5200 m environ au sud de la batterie de Grenneville, laquelle fut évoquée également lors de cette même conférence, et 12 km au nord-ouest du fort des îles Saint-Marcouf, on envisagea de construire une batterie de 4 mortiers de 270 mm sur les hauteurs de Quinéville. Nous n'avons pas pu déterminer son emplacement exact, mais il ne semble faire de doute que c'eût été sur le mont Coquerel. Le plan que nous avons pu voir cote la batterie à 44 m alt, mais les courbes indiquent bel et bien un sommet et le mont culmine 10 m plus haut. Il est possible que le niveau zéro considéré alors soit différent de celui des cartes actuelles. Tout ce que le plan nous donne comme autre indication c'est, au sud de la batterie et d'orientation ouest / est, chemin de grande communication n° 42. Perpendiculairement à ce dernier et sur l'arrière de la batterie, nous avons le chemin vicinal ordinaire n° 19. Gageons qu'avec ces indications et d'anciennes cartes, l'énigme sera rapidement résolue. La batterie aurait eu un périmètre trapézoïdal, presque rectangulaire, aux angles coupés. Ceux du front de tête se seraient vus attacher, chacun, un bastionnet d'où il aurait été possible de protéger non seulement le front de tête, mais aussi les flancs. Il ne semble pas qu'un fossé ait été prévu. Au centre de la gorge, une pointe aurait fait saillie, comme si un ravelin ou une demi-lune eût été attachée à l'escarpe. L'entrée aurait percé le flanc sud de cette saillie. L'intérieur de la batterie aurait été on ne peut plus simple. Deux plates-formes doubles séparées par un abri bétonné (le magasin journalier) et devancées par une plongée en terre coulante. Une rampe ascendante était prévue au centre de chaque paire de pas de tir pour amener pièces et munitions. Derrière les pas de tir, deux constructions légères, le logement du gardien de batterie et un petit dépôt, auraient bénéficié de la protection du relief de la crête de feu. Moins de 100 m en arrière de la batterie et 14 m en contrebas, un magasin sous roc était prévu. Il aurait consisté en une enceinte presque carrée d'environ 35 m de côté avec deux accès, tous deux reliés à ce chemin vicinal n° 19. Dans la cour on avait prévu l'habituel hangar aux projectiles vides et, dans la pente, orientée droit vers la batterie, on aurait trouvé l'unique entrée du magasin souterrain. Cette entrée aurait donné sur une galerie rectiligne d'une quarantaine de mètres de longueur, galerie débouchant sur une transversale donnant, à gauche sur un atelier de chargement, à droite sur un magasin à poudre précédé d'un sas. Les dimensions du local de stockage des poudres eussent avoisiné les quatre mètres de côté. Le report vertical de ces locaux souterrains les situait à l'extérieur mais très proches de la demie gorge gauche de la batterie.