Entre 1874 et 1914, la Saône-et-Loire, bien qu'éloignée des frontières, a occupé une position stratégique dans le dispositif défensif français. Dans le cadre du système Séré de Rivières, le département, traversé par des voies ferroviaires majeures reliant Paris à Lyon et à la vallée du Rhône, représentait un axe logistique essentiel en cas de conflit. Des points névralgiques comme Chalon-sur-Saône, Mâcon ou Le Creusot — centre industriel de premier plan — ont pu bénéficier de mesures de protection, notamment par des postes de surveillance, des garde-voies, voire des petits ouvrages ou batteries d'artillerie légères destinées à sécuriser ponts et carrefours. Si l'on ne trouve pas de grands forts dans la région, la présence d'infrastructures critiques (gares, ateliers, fonderies) en faisait un territoire surveillé et potentiellement défendable en cas d'invasion prolongée. Ces dispositions, discrètes mais bien réelles, participaient à l'organisation en profondeur de la défense nationale.