Place de Cherbourg, nord-ouest de la ville. Pendant ouest du fort du Musoir Est, même genèse et armement identique. Notons qu'en 1883, avant les bétonnages, on étudie la possibilité d'y installer une ou deux tourelles cuirassées pour 2 canons de 32 c. Nous ignorons si des études similaires ont concerné le Musoir Est, mais cela est probable. En 1889, on envisage de placer 4 canons de 32 c sous casemates, soit 2 tirant en arrière de Chavagnac et 2 ayant des actions en avant de Querqueville. En définitive, on ne placera que deux 32 c sous casemates, avec mission de défendre la passe de l'ouest. Les dimensions intérieures de ces casemates sont de 14 m x 5 m x 3,5 m. Le mur de masque a une épaisseur de 5 m et la dalle de ciel 3 m. Le champ de tir horizontal est de 15°. L'embrasure a une plongée de 5° négatifs ce qui permet à un projectile d'atteindre la ligne de flottaison d'un navire passant à 150 m au large, au plus bas niveau des marées d'équinoxe. Les deux casemates communiquent entre-elles et sont séparées par un fort pilier, creux, abritant l'escalier menant au phare. Elles se situent dans l'axe de la digue de telle sorte que les canons peuvent être à volonté amenés ou retirés relativement aisément. En 1904 sa batterie Est de 2 x 100 mm est supprimée, mais ses sous-sellettes d'affûts nous sont parvenues. Le fort ne semble plus aujourd'hui (06/2007) intéresser personne. Propriété de la Marine, seuls quelques-uns de ses locaux sont utilisés par les phares et balises. Nous avons eu le bonheur de pouvoir visiter un fort resté "dans son jus". Certes, l'armement n'est plus présent, mais les ferrailleurs ont ici nettement moins sévi qu'ailleurs. Tous les monte-charges sont en place, dont un (celui de la batterie de 100 Est) ayant encore un obus dans les griffes de sa noria. Même s'il est probable que cet obus (au demeurant totalement gonflé par l'action des embruns) ait été placé en cette situation par quelque visiteur post seconde guerre, l'impression que l'on a de se retrouver ici en dehors du temps en ressort renforcée. L'usine électrique, directement à droite en entrant, est encore pourvue de l'un de ses deux moteurs monocylindres marqué "AKTIEBOLAGET DIESELS MOTORET STOCKHOLM", étonnamment peu dégradé. Les sous-sellettes des canons de 32 c dans les casemates sont présentes. Sur celle de droite, les Allemands ont érigé un escalier lequel mène dans l'embrasure laquelle a été aménagée pour recevoir un canon de 50 mm kwk. Ce canon, au tube outrageusement dégradé par les embruns est toujours en place. Bon nombre de huisseries ont survécu et parmi toutes ces parties boisées, des panneaux informatifs quant à la fonction des locaux. C'est ainsi que l'ont peut encore lire "cartouches de 47 mm", "poudres de 320", "obus de 320 et passage des soutes de 100", etc. Suite à notre suggestion, la direction des travaux maritimes de Cherbourg devrait les récupérer sous peu et procéder à leur restauration ainsi qu'à leur conservation. L'essentiel des rails et plaques tournantes du réseau de voie étroite parcourant le fort est en place ; très dégradé, mais en place. Les dessus ont conservé toutes leurs sous-sellettes d'affûts. Seuls les emplacements des canons de 47 à tir rapide sont vides. L'occupant a ici nettement moins modifié l'aspect des lieux que ce que l'on peut voir sur le fort Central ou sur l'île Pelée. Le petit poste de commandement français de l'Entre-deux-guerres est toujours bien assis entre les deux batteries principales. Le phare "Cherbourg ouest", accessible par un escalier tournant aux marches de pierre parfaitement ajustées, ajoute une petite touche de pittoresque à l'ensemble qui restera à jamais comme l'un de nos meilleurs souvenirs de visites.