Portzic (position du)[p150][48.359376 N, 4.536819 W]

Place de Brest, ouest de la ville, dans l'axe du goulet. Position comprenant un fort de Mer projeté par Vauban dès 1695 mais construit seulement peu avant 1776, et un fort de Terre, greffé sur les arrières du premier, en 1793. Notons d'emblée qu'un rapport de 1914 les considère encore comme «  solides  » ! L'ensemble fait face à la pointe des Espagnols et est établi sur une position clef de la rade, pratiquement dans l'axe du goulet. Cet ensemble avait des actions tant vers l'intérieur des terres que dans le goulet et la rade. Le fort de Mer est à branches pendantes et, à l'Est, il possède un bastion détaché qui résulte de la coupure à 45° de la courtine nord-est. Ce cas de figure est assez rare, une demi-lune constituant la norme. Son front le plus important est orienté ESE-ONO et possède deux bastions allongés séparés par une courtine au centre de laquelle a été ménagé le passage entre les deux forts. Du fort, seules les branches tombantes sont visibles, ainsi que la porte Est, résultant du détachement du bastion dont question plus avant. Le rivage couvert par le fort de mer sera littéralement constellé de batteries qui se créeront, fusionneront, seront supprimées, réorganisées, déplacées tout au long du XIXème siècle. Le détail de ces « manœuvres » n'a pas sa place ici. Retenons que d'ouest en est, le front de mer du fort de Mer, alignera les batteries de Sainte-Anne, Mignonne, Anglaise, Neuve, Impériale et du Retranchement. En 1897, la batterie Sainte-Anne sera devenue celle, casematée, de rupture (voir Sainte-Anne du Portzic) ; la batterie Mignonne sera devenue une batterie de 4 x 47 mm à tir rapide ; la batterie Anglaise sera devenue la batterie dite ''du fort de Mer'' ; la batterie Neuve aura disparu ; la batterie Impériale est devenue ''Nationale'' et possède deux canons de 32 c et enfin, la batterie du Retranchement n'est plus mentionnée. En revanche, une batterie dite ''batterie Haute'' domine la batterie Nationale. La batterie du fort de Mer voit ses 4 canons M de 32 c modèle 1870-81 sur affûts M modèle 1882 P.A. repris aux états d'armement de 1900 et de 1914, tandis que les quatre M de 19 c modèle 1864-66 sur affûts M modèle 1869 P.A. de la batterie Haute ne le sont qu'à celui de 1900. Á l'est du phare du Portzic, nous trouvons encore une casemate pour projecteur électrique, feu de tir de 90 cm, coulée en 1912-1913. Préalablement, en 1891, on renseigne du côté de Sainte-Anne un projecteur, feu de tir de 90 cm. Ces deux projecteurs seront toujours en place en 1916 et un certain flou demeure quant à l'emplacement de leurs usines et poste de commandement respectifs. Le fort de Terre quand à lui, occupe à peu près le double de la surface du fort de Mer duquel il couvre l'entrée. Ce fort de terre peut être décrit comme un ouvrage à cornes dont la courtine du front de tête est couverte par une demi-lune. Outre sa mission de protection du fort de mer, il concourrait à la défense terrestre de la ville, plus précisément des installations portuaires en avant desquelles il est situé. Un document daté du 26 janvier 1911 indique que la défense terrestre du réduit sera, le cas échéant, garantie par 8 canons de 90 c répartis en deux batteries de 4. Le fort de terre participait aussi à la protection du goulet et à cette fin, il abritait dans son périmètre deux batteries côte à côte. La première, pour 4 x 32 c existe encore. Ses 4 canons M de 32 c modèle 1870-81 sur affûts M modèle 1882 P.A. sont repris aux états d'armement de 1900 et de 1914. Elle possédait un puits sur ses arrières et, à l'ouest, un poste télémétrique à mince toiture métallique dont les volets coulissants sont encore en place (05/2004). La seconde, pour quatre mortiers de 30 cm M modèle 1883-T-93 sur affûts PA modèle 1883, a été désarmée en 1906 ; leur position sera transformée pour accueillir 4 canons M de 100 mm modèle 1897 T.R. sur affûts M modèle 1897 P.C. qui, eux, seront toujours repris à l'état d'armement de 1914. Cette batterie a été arasée et seul subsiste, entre les deux batteries, un petit poste de commandement. Le fort de Terre possède un magasin à poudre, construit en 1877, avec un alignement de trois créneaux à lampe, et un second, érigé en 1882-83, du modèle pour 100 tonnes de contenance. Il a donc une pièce de stockage avec 4 créneaux à lampes, qui plus est ces créneaux sont complets avec leurs cadres de bronze et leurs vitres épaisses. Sous l'escarpe du front de gorge, on a aménagé un casernement à l'épreuve, pour abriter 600 hommes. De son enceinte, seule semble subsister la gorge. La demi-lune couvrant le front nord est occupée par des énormes citernes mais le fort a miraculeusement conservé sa galerie d'accès et le local défensif qui permettait d'accéder de la courtine à cette demi-lune. Le front ouest a été remblayé et les glacis ont encore des traces de ce qui a dû être une batterie école. En 1897, la position représentait une force de 12 x 32 c, 4 x 30 c, 4 x 194 mm et 4 x 47 mm. L'ensemble fort de Terre/fort de Mer est occupé (05/2004) par les Marins pompiers de Brest qui utilisent le casernement et les deux magasins à poudre pour leurs exercices. Le front de mer est parcouru par le sentier G.R. 34 depuis la plage de Sainte-Anne-du-Portzic jusque derrière la base sous-marine. Pour être complet, signalons que la batterie du retranchement possède encore son petit magasin à poudre à côté duquel débouche une poterne donnant accès à un long tunnel débouchant dans le fossé du fort de Mer. Á plusieurs reprises, nous avons été confrontés à l'orthographe "Portzig".