Tournoux (fort supérieur de)[t114][44.469692 N, 6.752336 E]

Place de Tournoux, composante du fort ou forteresse de Tournoux, situé à 1678 m/alt (altitude de l’entrée haute), entre le fort moyen, et la batterie des Caurres (voir fort de Tournoux). D’une surface nettement plus réduite que le fort moyen, le fort supérieur est relié à ce dernier par un impressionnant chemin additionnant les épingles à cheveu, intégralement acquis par déroctage. Une entrée, dite entrée basse, s’ouvre sur ce chemin sous la forme d’un porche jouxté d’un corps de garde. À en juger par les rainures dans la maçonnerie du porche, ce dernier était pourvu d’un pont-levis à flèches. Notons que, devant ce porche, le flanc extérieur du chemin repose sur une ligne de sept moellons soigneusement taillés de façon à ce que leur courbe forme console supportant un parapet. Une ligne de huit casemates avec de larges ouvertures voûtées en plein cintre garnit l’escarpe côté ennemi. Probablement était-ce là que l’artillerie se plaçait, mais l’épaisseur (à peine 50 cm) du mur à bahut constituant le parapet de chaque casemate nous a laissés dubitatifs. Les données nous manquent, nous ne pouvons qu’affirmer la présence de six canons de 95 mm à la veille du premier conflit mondial. En arrière de l’escarpe et de part et d’autre de cette galerie de casemates, les chemins s’entrelacent, se recoupent, se superposent donnant accès à des magasins, à des passages à ciel ouvert, à d’autres en galerie,…dont le descriptif détaillé se révélerait fastidieux. Venons-en d’emblée à la cour devançant la caserne. Contrairement au fort moyen, il s’agit ici d’une caserne casematée aux formes harmonieuses, alignant quatre travées sur deux niveaux encadrées par deux autres travées moins larges de moitié. Un détail cependant nous a heurté car nous n’en connaissons pas d’autre exemple. La façade est constituée de plusieurs matériaux. Outre des moellons de schiste résultant des déroctages in situ, les arêtes et chaînes d’angles sont appareillées en moellons de grès et de ce que l’on désigne en Ubaye par "marbre de Sorenne" et à Mont-Dauphin par "marbre de Guillestre". Il s’agit d’une même veine que l’on retrouve de part et d’autre du col de Vars. Ce marbre rosé veiné de gris foncé ressort particulièrement bien au sein des autres moellons monochromes. Or, on l’a indifféremment mêlé aux moellons de grès, sans nullement le mettre en valeur. Ainsi les appareillages sont-ils déséquilibrés avec, ici et là, n’importe où, un ou plusieurs moellons de marbre encadrés par de plus ternes. Sans cet hiatus d’architectonie, cette caserne eût été sans conteste la plus belle de toutes les fortifications de l’Ubaye. Sur sa gauche et incorporée dans la façade, au-delà du tunnel gagnant l’entrée haute, se trouve une fontaine devant laquelle sont les fouilles d’un abri en béton armé pour 100 hommes que l’on prévoyait de couler en 1914. L’entrée haute coiffe la contrescarpe du fossé courant jusqu’au fort moyen. Elle est tapie dans une échancrure pratiquée dans la montagne et bardée de grilles défensives. Un pont roulant (du même modèle que celui du fort de Bron à Lyon) escamotable latéralement dans une casemate sous roc, empêchait l’approche de ces grilles, tandis que leur défense dépêndait de tirs fichants depuis d’autres casemates situées plus haut et communiquant avec la galerie souterraine menant à la batterie des Caurres, soit de tirs horizontaux provenant de la caponnière barrant toute la largeur de l’échancrure au-delà des grilles. Cette caponnière est d’ailleurs un passage obligé si l’on veut, tout en étant à l’abri, aller du fort supérieur à la batterie des Caurres. Cette galerie se distingue de celle reliant la batterie B XII au fort moyen par ses escaliers-rampe qui autorisaient le transit de pièces d’artillerie. Le fort supérieur, délaissé dès 1918, est en plus mauvais état que le fort moyen, les murs ont moins bien résisté aux intempéries et autres outrages du temps, surtout au niveau des parapets de l’escarpe et de la liaison avec le fort en contrebas. Il n’en reste pas moins qu’il constitue une des composantes de l’une des plus impressionnantes forteresses de France et qu’il mérite, au même titre que les autres, d’être inclus dans toute visite.

Cité dans : Zitiert in : Geciteerd in: Cited in: Citováno v: Caurres (batterie du Clos des), Tournoux (fort moyen de), B XII (batterie), Tournoux (fort de)